UNE JUSTICE FAÇONNÉE PAR L’AMOUR
UNE JUSTICE FAÇONNÉE PAR L’AMOUR
Samedi 22 mars 2025
Semaine 12 : Amour et justice : les deux plus grands
commandements
Thème
général : L'amour et la justice de Dieu
Texte à méditer : "Ainsi
donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles
de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience" (Colossiens 3:12).
Bien que l’intitulé de notre méditation de la
semaine (Amour et justice : les deux plus grands commandements) semble suggérer le contraire,
lorsque Jésus fut interrogé sur « le plus grand des commandements », il
ne répondit pas « amour et justice. » Il déclara : « Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Aimer
implique certes de faire ce qui est juste, mais non point sous l’injonction de
la loi ou par obligation morale. Cela procède d’un élan intérieur, d’un désir
profond de prendre soin de l’autre par amour.
Quel était le problème fondamental de la
question posée à Jésus ? Elle était centrée uniquement sur l’obéissance aux
commandements. De même, le « jeune homme riche » demanda : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Or, ce n’est pas la
bonne question. La véritable interrogation serait plutôt : « Que dois-je être ? » - « Que
dois-je devenir ? » Car c’est l’être intérieur qui détermine les
actions extérieures. Si l’on se focalise uniquement sur le comportement
observable, sans transformation intérieure, alors le changement n’est
qu’illusoire.
C’est là, en grande partie, le malentendu lié à la notion de justice. Les pharisiens croyaient en la justice, dans
le sens de l’observance minutieuse de la loi et des
traditions. De façon analogue,
dans notre société, la justice est souvent assimilée au simple respect de la légalité. Pourtant, Jésus reprochait aux pharisiens
leur dureté de cœur. Car la justice sans amour devient froide, sèche,
impitoyable.
C’est pourquoi Jésus insista sur
l’amour : seul l’amour véritable conduit à une justice
authentique. L’apôtre Paul l’affirme avec force : « Car nul ne sera
justifié devant Dieu par les œuvres de la loi » (Romains 3:20). Dieu, lui,
réclame une justice imprégnée de bonté, de compassion et de vérité. Il déclare
: « Moi, l’Éternel,
j’aime la justice, je hais la rapine mêlée à l’iniquité » (Ésaïe 61:8).
Mais une interrogation bouleverse
bien des croyants : comment Dieu, juste et
bon, aurait-il pu punir son Fils innocent pour nous accorder le pardon ? N’est-ce pas là l’acte
le plus injuste que l’on puisse imaginer ? Certains chrétiens l’ont dit
ouvertement : si un père humain agissait ainsi envers son enfant, on parlerait
de maltraitance. Pourtant, on continue à affirmer que Dieu aurait exigé le sang d’un
innocent pour satisfaire sa justice. Une telle image de Dieu a causé
bien des blessures spirituelles et repoussé bien des cœurs.
Notons bien que nulle part
l’Écriture n’affirme que Jésus fut puni par Dieu en tant que notre substitut. Le
Nouveau Testament ne développe pas une « théorie de l’expiation » judiciaire.
Il nous montre un Dieu qui nous réconcilie avec lui par un amour sacrificiel,
librement consenti. On cite souvent Ésaïe 53:4 comme preuve que Dieu aurait effectivement
puni Jésus. Mais observons bien ce
que dit le texte : « Nous l’avons
considéré comme frappé, battu, humilié par Dieu. » Le terme hébreu
traduit ici par « considéré » signifie : penser, imaginer, supposer.
Jésus a certes subi les
conséquences d’« avoir été fait péché », mais cela est très différent d’une
exécution judiciaire ou substitutive. Hébreux 9:28, à l’instar d’autres textes
bibliques, affirme que Christ a porté nos péchés, en manifestant les conséquences
du péché — la mort et la séparation d’avec Dieu. Mais cette mort n’est pas une
punition imposée par un Dieu offensé, c’est une conséquence intrinsèque de
la nature auto-destructrice du péché. Nous pouvons percevoir divers aspects
du mystère de l’expiation, mais il est impératif de rejeter toute conception
qui viendrait accréditer les
accusations de Satan à l’encontre de Dieu — celles qui le présentent comme
sévère, implacable, arbitraire ou cruel.
Non, Dieu ne sacrifie pas
l’innocent pour sauver le coupable. Il est fondamental de ne pas diviser la divinité en
opposant, par exemple, le Père au Fils. Loin de là : c’est Dieu qui se place lui-même en
position d’accusé, qui révèle la vérité sur sa personne, et qui veut faire preuve de transparence et
d’ouverture dans toutes ses relations avec les êtres créés. Il ne recherche pas
quelque mécanisme juridique qui lui permettrait de pardonner ; son œuvre est
toujours tournée vers l’autre : rechercher, sauver, répondre aux accusations portées contre lui, et ramener l’humanité dans une communion
véritable avec lui. Son pardon n’a pas besoin d’être acheté. Il est
offert. À nous de répondre à
cet amour par une vie transformée. Non pas en essayant de mériter
quoi que ce soit, mais en devenant, à notre tour, des témoins vivants de cette justice d’amour.
L’AMOUR
COMME JUSTICE : AU-DELÀ DE LA PURETÉ DOCTRINALE
Il nous arrive souvent de mépriser
théologiquement ce que l’on appelle « l’Évangile social. » En effet, si l’on
prête attention à nombre de discussions au sein l’église, on constate que la
pureté doctrinale et la défense de nos croyances semblent accaparer davantage
notre attention que toute autre préoccupation. Le mouvement de l’Évangile
social, apparu au début du XXe siècle, soutenait que le Royaume des cieux
pouvait être instauré sur Terre par l’application de réformes sociales. Nous
nous sommes opposés à cette conception, affirmant que l’avènement du Royaume
des cieux ne surviendrait qu’au retour du Christ.
Plutôt que de mettre l’accent sur
les divergences qui nous séparent de cette vision stéréotypée de l’Évangile
social, il conviendrait peut-être de nous rappeler quelques vérités
fondamentales : Comme nous l’avons souligné plus tôt cette semaine, les deux plus grands commandements – aimer
Dieu et aimer son prochain – sont intimement liés. En effet, c’est en
aimant notre prochain que nous manifestons concrètement notre amour pour Dieu.
· À plusieurs reprises au cours de leur histoire, les Hébreux se sont détournés de l’obéissance à ces commandements. Si l’idolâtrie est fortement condamnée dans les Écritures, l’exploitation des pauvres et des nécessiteux l’est tout autant. Dans cette perspective, il importe de rappeler qu’une part substantielle du système de la dîme avait pour vocation d’assurer l’inclusion des plus démunis. Il s’agissait là du système de protection sociale voulu par Dieu. Les prophètes ont sévèrement dénoncé la situation des nations hébraïques lorsque celles-ci se sont livrées à un ritualisme religieux stérile tout en négligeant la détresse des opprimés – le premier chapitre d’Ésaïe en est une illustration saisissante.
· Dans le Nouveau Testament, la création du ministère des diacres répondait précisément à la nécessité de prendre soin de ceux qui risquaient d’être oubliés dans l’Église naissante.
· La période de suprématie papale, quant à elle, fut marquée par de profondes inégalités : l’Église s’enrichissait et gagnait en pouvoir en exploitant le peuple.
Notre foi chrétienne ne saurait
être une île où l’on se retire
pour préserver une pureté isolée. Elle devrait plutôt ressembler au
sel, mêlé à la nourriture pour en rehausser la saveur. Le Christ n’a pas
consacré l’essentiel de son ministère à des débats théologiques ; ses
prédications portaient davantage sur les relations humaines empreintes d’altruisme.
Ses références au Royaume des cieux concernaient tout autant la manière de
vivre dès ici-bas selon les principes de ce Royaume, que la perspective d’un
Royaume céleste éternel. Il a passé une grande partie de son temps à agir
dans le contexte social de son époque, guérissant les malades et réhabilitant
ceux que la société avait marginalisés.
Certes, nous attendons avec
espérance l’avènement du Royaume céleste, mais cela ne nous dispense nullement
de rechercher la justice pour ceux qui sont
opprimés, de lutter contre la
pauvreté,
de contribuer à
l’apaisement
des tensions raciales et ethniques, de combattre la traite des êtres humains et
l’exploitation sexuelle, et de soutenir ceux qui sont prisonniers de
l’alcoolisme ou de la dépendance aux drogues, etc.
Notre théologie peut être tournée vers le ciel, mais elle doit se déployer dans le tissu concret de nos
interactions sociales.
Comme nous l’avons également rappelé cette semaine : « Mais Dieu prouve son
amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est
mort pour nous
» (Romains 5:8). Dieu est descendu dans notre misère pour entrer en relation
avec nous. IL
NE NOUS A PAS SAUVÉS À DISTANCE.
Ø « Que la justice jaillisse comme les eaux, et la droiture comme un torrent intarissable ! »
(Amos 5:24).
Ø « L’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi » - (Romains 13:10).
HAPPY SABBATH !
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