UN « SOUVERAIN » ILLÉGITIME ET TEMPORAIRE
UN « SOUVERAIN » ILLÉGITIME
ET TEMPORAIRE
Jeudi 06 mars 2025
Semaine 10 : Règles d’engagement
Thème général : L'amour et la justice de Dieu
Texte à méditer : "Maintenant a
lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté
dehors" (Jean
12:31).
Il est particulièrement frappant de
constater que Jésus semble reconnaître la puissance de Satan (le diable) en le
désignant comme le prince ou le souverain de ce monde (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11). Ce titre
illustre de manière saisissante l’intensité du grand conflit entre le bien et
le mal, ainsi que l’influence considérable que le diable exerce sur les
affaires et les systèmes de ce monde. La domination du diable sur un monde
déchu est manifeste dans tous les aspects de la société – qu’il s’agisse de la
politique, de l’économie, du domaine social, de la religion ou encore de la
nature (Job 1:12-19, Matthieu 8:23-27, Luc 4:5-7, 2 Corinthiens 4:4). Bien que
son pouvoir et son influence soient temporaires, le diable a semé un immense
chaos et une terreur indicible.
1. La souveraineté de Satan : un pouvoir temporaire et illégitime
Dans le conflit cosmique, Satan et ses cohortes ont
reçu, pour un temps, une autorité sur ce monde. Cependant, cette domination
reste limitée par des principes divins : « Malheur à la terre et à la mer !
Car le diable est descendu vers vous, animé d’une grande fureur, sachant qu’il lui reste peu de temps » (Apo. 12:12).
Si vous souhaitez un exemple de
gouvernance temporaire, il vous suffit d'observer la démocratie. (Je
ne me risquerai pas à aborder la politique américaine.) Un gouvernement en fin
de mandat prend pleinement conscience de
sa précarité. Dans ses dernières semaines de pouvoir, il agit frénétiquement pour faire
adopter des dizaines de lois afin d’imposer son influence, à défaut
d’assurer sa réélection. Par ailleurs, il redouble de promesses alléchantes
dans l’espoir d’obtenir un nouveau mandat. Bien que la gouvernance de ce monde
ne soit pas une démocratie, nous assistons actuellement à un « changement de gouvernement. » Satan
s’emploie à semer le chaos, troublant la frontière entre le bien et le mal, au
point d’égarer même ceux qui ont entretenu une relation profonde et durable
avec Jésus, espérant
convaincre qu’il n’y aura pas de changement de pouvoir.
On peut se demander si Satan avait vraiment l’autorité
qu’il prétendait avoir et, si cela est vrai, comment il l’avait acquise.
Certes, après que le péché soit entré dans le monde, « Dieu a accordé à Satan
une liberté considérable pour exercer son influence néfaste dans le monde
entier ». (Sydney H.T. Page, Powers of Evil: A Biblical Study of Satan and
Demons, Grand Rapids, MI: Baker Books, 1995, p. 98). Cependant, cette liberté est différente pour
faire dire que Satan a une autorité légitime dans le monde. En effet, en
rejetant l’offre de Satan, Jésus n’avait pas reconnu la légitimité d’une telle
autorité.
En effet, dès la tentation dans le désert, Satan revendiqua une autorité sur les royaumes du monde : « Je te donnerai toute cette
puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la
donne à qui je veux » (Luc 4:6). Mais cette
affirmation ne signifie pas que Dieu lui a reconnu ce droit. Jésus
rejette cette offre, démontrant que la souveraineté de Satan repose sur
l'usurpation et non sur une légitimité divine. En réalité, dans l’Évangile de
Jean, les références au « prince de ce monde »
visent particulièrement à mettre en évidence l’antagonisme entre Satan et Jésus (Jn
12:31; Jn 14:30; Jn 16:11).
Il est crucial de se rappeler
que, bien que nous vivions dans un royaume dominé par le mal, nous sommes citoyens d’un autre Royaume et devons
lui demeurer fidèles. Le Royaume des Cieux « n’est pas de ce monde », mais il
est présent en ce monde, et nous avons la responsabilité d’annoncer cette bonne
nouvelle autour de nous.
2. Les limitations de l’action divine dans le grand conflit
Bien que Dieu soit tout-puissant,
il choisit d'agir en accord avec des principes fondamentaux, qui limitent
volontairement Son intervention directe. On pourrait relever le respect du
principe de libre arbitre : Dieu ne contraint pas les créatures à Lui
obéir, même si cela implique temporairement la souffrance et le mal. En outre, Dieu
agit en conformité avec Son propre gouvernement moral et les alliances qu’Il a
établies. Ces "protocoles d’engagement" expliquent pourquoi Dieu ne
détruit pas immédiatement Satan et son œuvre.
Pour éviter toute confusion sur la question d’une
possible concertation entre Dieu et Satan, il convient de rappeler que les "protocoles d’engagement" ne sont pas le fruit d’une
négociation entre Dieu et Satan.
Dieu n’a pas négocié ces règles avec Satan comme on négocierait un traité de
paix. Elles découlent naturellement du caractère de Dieu et des principes de
Son gouvernement. Elles garantissent que le libre arbitre des créatures est
respecté et que chaque être créé peut
choisir son allégeance en connaissance de cause.
On peut discerner certaines «
règles d’engagement » dans le livre de Job. Satan ne peut aller au-delà des limites fixées par
Dieu. Que dire de Noé ? Dieu ordonna à Noé de bâtir une arche en raison de
l’extrême corruption qui régnait sur la terre. Il patienta 120 ans avant
d’envoyer le déluge, laissant à Noé tout ce temps pour avertir ses
contemporains. Dieu
retarda Son jugement
pour laisser aux hommes une occasion de repentance. Il est
manifeste que Dieu pose parfois des limites au mal, décrétant : « Jusqu’ici et pas
au-delà. » De nombreux épisodes bibliques illustrent cette réalité.
Ainsi, Dieu avertit Joseph en songe de fuir en Égypte avec Marie et l’enfant
Jésus afin d’échapper au massacre décrété par Hérode. Dans cette fuite en Égypte, Dieu
protège Son plan de salut en intervenant avant le massacre d’Hérode.
Ces exemples nous montrent que Dieu agit toujours dans un cadre défini par Sa
justice et Son amour. Il ne permet pas un mal sans limites et Son action dans
le monde répond à un plan moral et juste, et non à un acte arbitraire
d’omnipotence.
Ce respect des principes divins peut amener certains à
douter de Sa bonté ou de Son existence, face à la persistance du mal.
Cependant, une meilleure compréhension du grand conflit nous permet d’accepter
que Dieu œuvre dans un cadre qui garantit la
victoire finale du bien sans compromettre la justice et la
liberté. Dieu aurait pu empêcher toute souffrance en éliminant immédiatement
Satan, mais cela aurait contredit un principe fondamental : l’amour véritable ne peut exister sans liberté de
choix. En permettant à Satan de montrer le fruit de sa
rébellion, Dieu offre à Ses créatures la possibilité d’un choix éclairé. Ainsi,
le contraste entre Son royaume et celui du mal devient évident, permettant une
décision libre et informée.
3. La défaite de Satan à la croix
Si Satan semble dominer ce monde, son pouvoir a été irrémédiablement brisé par l'œuvre du Christ à
la croix. L'Évangile de Jean souligne cet événement décisif : « Maintenant a
lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors »
(Jean 12:31).
Cela suggère que, jusqu’à la croix, il restait une
forme d’ambiguïté dans la grande controverse. Jusqu'à la croix, il restait des doutes dans
l'univers sur la nature réelle du mal.
Après le Calvaire, toute sympathie pour
Satan disparaît dans le ciel : il est totalement démasqué. La croix marque le
renversement du règne de Satan. Comme le souligne l’apôtre Jean : « Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les œuvres du diable » (1 Jean 3:8).
La victoire de Jésus dépasse le simple cadre terrestre.
La croix n’a pas seulement marqué la victoire de Christ sur le péché ; elle a
aussi définitivement révélé à l’univers entier la véritable nature de Satan. Jusqu’alors, certains anges
pouvaient encore se demander si Lucifer avait un argument légitime. Mais après
avoir vu comment il a agi face au Fils de Dieu, toute sympathie pour lui a
disparu à jamais. Le grand conflit était scellé dans les cieux, et Satan
n’avait plus aucun crédit.
4. Un monde aimé de Dieu mais sous jugement
Le monde actuel vit dans cette tension : il est à la
fois sous l’emprise de Satan et sous le regard
bienveillant de Dieu. D’une part, Jésus l’aime et est
venu pour le sauver (Jean 3:16), mais d’autre part, il est aussi jugé pour
avoir rejeté Christ (Jean 1:10 ; 9:39 ; 12:47). Satan, bien qu’il ait encore
une certaine influence, est en train d’être déposé.
Par conséquent, alors que les Évangiles synoptiques
soulignent la victoire de Christ sur Satan dans la tentation dans le désert, au
début de Son ministère public, l’Évangile de Jean souligne la défaite de Satan,
le chef/prince de ce monde, à la croix (voir aussi Powers of Evil: A Biblical
Study of Satan and Demons, p. 129); c’est-à-dire, à la fin du ministère
terrestre de Jésus. Dans les deux cas, nous apprenons que Satan est un
souverain illégitime et temporaire d’un monde pécheur, un monde qui est
paradoxalement aimé de Dieu mais aussi jugé pour avoir rejeté Jésus (Jn 1:10,
29; Jn 3:16, 17, 19; Jn 9:39; Jn 12:31, 47; Jn 14:17; Jn 15:18, 19; Jn 16:8; Jn
17:9, 14, 16, 21). Comme l’affirme Robert Recker : « Il est un prince déchu, ou en cours
de déposition
» (“Satan: In Power or Dethroned?”, Calvin Theological Journal, 1971, p. 147).
Satan se manifeste par la ruse,
la domination et la manipulation. Jésus triomphe par le sacrifice, l’amour et l’humilité. Cela souligne un contraste
saisissant :
- L’outil ultime de Satan (la croix) devient le symbole de sa propre
défaite.
- Ce qui semble une victoire du mal (la crucifixion de Jésus) est en
fait le moment où l’amour triomphe.
La croix, loin d’être une défaite, est la révélation
suprême de la puissance divine : c’est l’amour qui
triomphe du mal, et non la force brute.
Si nous ne comprenons pas tout sur la durée du conflit
cosmique, nous savons une chose : nous sommes appelés à rester fidèles et à
proclamer le Royaume de Dieu. Comme l’a souligné une croyante expérimentée : la vigne contient encore des épines, mais Son amour
les enveloppe. La victoire est assurée, et notre
mission est d’en être les témoins jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée.
Abondantes
grâces de la part de l’Éternel !
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