LA VIGNE EN LOCATION


LA VIGNE EN LOCATION 


Jeudi 13 mars 2025

Semaine 11 : Qu’y avait-il encore à faire que je n’aie pas fait ?

Thème général : L'amour et la justice de Dieu


Texte à méditer : « Lorsqu'une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu'elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu » (Hébreux 6:7).


Jésus, en racontant la parabole du maître de maison et des vignerons dans Matthieu 21:33-45 (reprise en Marc 12 et Luc 20), reprend les thèmes déjà abordés dans Ésaïe 5. Toutefois, il y apporte une nuance significative, jetant une lumière supplémentaire sur le caractère et les actions du propriétaire envers sa vigne. Dans les deux récits, le propriétaire plante une vigne et met en place toutes les conditions nécessaires à sa prospérité : il l’entoure d’une haie, y creuse un pressoir et y construit une tour de garde. En revanche, une différence fondamentale se dessine : dans Matthieu, la vigne est confiée en location à des vignerons, responsables de son entretien et de sa production.


1. La patience divine

Au moment de la récolte, un contraste frappant apparaît avec l’histoire d’Ésaïe, que nous avons examinée hier dans « la complainte du vigneron. » Alors que dans Ésaïe 5, le problème réside dans la qualité des raisins - qui sont pourris, de mauvaise qualité - ici dans Matthieu, les fruits sont excellents et méritent d’être cueillis. Cependant, un obstacle inattendu surgit : les vignerons ne veulent pas rendre au maître ce qui lui appartient.


Lorsque le propriétaire envoie ses serviteurs (les prophètes) pour récupérer les fruits, ceux-ci sont battus et tués (Matthieu 21:34-35). Était-ce une erreur des vignerons, un moment d’égarement ? Non. Leur refus est délibéré, révélant un caractère profondément rebelle et cupide. Le maître leur envoie alors un second groupe de serviteurs, espérant un changement d’attitude. Mais la réaction des vignerons reste inchangée (Matthieu 21:36). Leur rejet est systématique, leur violence préméditée.


Dans un dernier acte de patience et d’amour, le propriétaire envoie son propre fils (Jésus lui-même), pensant qu’ils auront du respect pour lui (Matthieu 21:37). Mais au contraire, les vignerons, voyant en lui l’héritier, décident de le tuer pour s’approprier son héritage (Matthieu 21:38-39). Ce détail éclaire le cœur du problème : les vignerons convoitent ce qui appartient exclusivement à Dieu. Leur ambition les pousse à vouloir détourner l’adoration et la loyauté du peuple. C’est pourquoi, lorsqu’ils entendent cette parabole, les chefs religieux comprennent que Jésus parle d’eux (Matthieu 21:45). Comme Satan, ils veulent s’arroger l’autorité divine et usurper la place qui ne revient qu’à Dieu.


2. Un jugement reconnu comme juste

Jésus raconta cette parabole de manière à guider progressivement son auditoire vers la reconnaissance de la légitimité des actions du maître de la vigne, en opposition à l’absurdité et à l’injustice des vignerons. Par son habileté pédagogique, il amena même ses interlocuteurs à formuler eux-mêmes la conclusion évidente du récit. Il leur posa alors cette question : « Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » Et ils répondirent : « Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte » (Matthieu 21:40-41, LSG).


Alors que Jésus sollicite son auditoire afin qu’il déduise lui-même l’action légitime et raisonnable du maître de la vigne après tout ce qu’il a accompli dans le cadre de la parabole, Dieu, de manière similaire, interpelle le peuple de Juda dans le livre d’Ésaïe en l’invitant à se faire juge entre Lui et sa vigne (Ésaïe 5:3). Ce jugement repose sur une interrogation fondamentale : « Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? » (Ésaïe 5:4).


Cette parabole approfondit l’aspect de la justice divine, en montrant que Dieu n’est pas seulement juste en essence, mais qu’il est aussi perçu comme tel par ceux qui réfléchissent à ses actions. Il y a une dimension interactive qui met en avant la manière dont Jésus amène son auditoire à reconnaître l’inévitabilité du jugement. Le maître a agi avec une patience infinie avant de devoir rendre justice. Il en est de même avec Dieu : Il ne précipite pas le jugement, mais lorsqu’il survient, il est pleinement justifié.


3. Un double constat : l’échec des fruits et l’échec des vignerons

En mettant en parallèle l’histoire d’Ésaïe 5 et celle de Matthieu 21, une vérité se dessine : l’échec de la vigne ne vient pas de Dieu, mais du peuple et de ses dirigeants spirituels.

  • Dans Ésaïe 5, le problème vient des raisins eux-mêmes (le peuple), devenus mauvais malgré les soins du vigneron.
  • Dans Matthieu 21, le problème vient des vignerons (les principaux sacrificateurs et les pharisiens), qui refusent de rendre les fruits au maître.

Ainsi, le peuple et ses chefs spirituels sont tous en deçà des attentes divines. Ni les croyants ni leurs guides ne sont à la hauteur de l’appel divin.


4. Le caractère de Dieu révélé dans ces paraboles

Il n’est rien de plus que Dieu puisse accomplir après avoir vidé le trésor céleste en offrant son propre Fils pour expier le péché de l’humanité. Ceux qui refusent ce « paiement » n’auront d’autre choix que d’en assumer eux-mêmes le fardeau, et ils ne pourront en tenir rigueur qu’à eux-mêmes.


La perversité du monde et la cruauté des hommes sont d’une gravité accablante. Il devient presque insoutenable de suivre le bulletin quotidien des œuvres du Malin – les nouvelles – tant elles sont empreintes de mensonges, de tromperies, de désastres et de souffrances. Nous avons la liberté de détourner le regard, d’éteindre l’écran et de nous soustraire à ce flot de ténèbres. Mais Dieu, lui, ne dispose pas de cette échappatoire. Il voit tout. Quel déchirement cela doit être pour son cœur d’observer ce que sa création est devenue, alors que jamais il ne l’avait destinée à un tel état.


Que devons-nous retenir pour nous-mêmes, nos coreligionnaires et nos dirigeants d’Église ? Nous sommes tous faillibles. Comme les vignerons de la parabole, nous pouvons être tentés de nous approprier ce qui appartient à Dieu, de rechercher l’adoration ou le pouvoir, plutôt que de rester fidèles à notre appel. Cependant, notre échec ne remet pas en cause la justice et la bonté de Dieu. Il a fait tout ce qui était possible pour notre salut. Dans sa grâce infinie, Dieu nous a pourvus de tout ce qui est nécessaire pour mener une vie juste et conforme à sa volonté - « Par sa puissance divine, Dieu nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa gloire et sa vertu » (2 Pierre 1:3)


Il convient de souligner que, quelles que soient les imperfections apparentes des fruits, la vigne conserve une valeur intrinsèque inestimable. Jésus estime ces grappes dignes du sacrifice suprême : sa propre vie. Si son amour suscite notre émerveillement, il nous incombe d’en saisir pleinement la portée : nous sommes nous aussi au cœur de cette vigne, appelés à discerner et à apprécier la valeur des « grappes » qui nous entourent. Ainsi, si Dieu accorde du prix à une vigne laissée à l’abandon, envahie par les mauvaises herbes, notre meilleure réponse ne peut être que d’aimer cette vigne à notre tour. Car au sein même de cette apparente négligence, se cache un nectar précieux à recueillir.


Puissions-nous répondre avec humilité et fidélité à son appel, en lui rendant ce qui lui appartient : notre cœur, notre obéissance, notre adoration.


Bonne journée sous l’aile bienveillante de l’Éternel !

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