LA COMPLAINTE DU VIGNERON
LA COMPLAINTE DU VIGNERON
Mercredi 12 mars 2025
Semaine 11 : Qu’y avait-il encore à faire que je n’aie pas
fait ?
Thème général : L'amour et la justice de Dieu
Texte à méditer : « Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n’aie pas
fait pour elle ? Pourquoi, quand j’ai espéré qu’elle produirait de bons
raisins, en a-t-elle produit de mauvais ? » (Ésaïe 5:4)
Le cinquième chapitre du livre
d’Ésaïe s’ouvre sur un chant d’amour qui, bien qu’empreint de
tendresse, dissimule un message de profonde gravité. Il s’agit d’un chant dédié à un ami
bien-aimé, le propriétaire d’un vignoble, qui incarne en réalité le Seigneur lui-même (Ésaïe
5:1). La
vigne représente le peuple de Dieu (Esa. 1:8, Jér. 2:21). Mais les implications
ici peuvent également être étendues par rapport à l’œuvre plus large de Dieu
dans ce monde. Mais si ce chant évoque d’abord l’affection, il se
transforme rapidement en une lamentation face à une attente déçue.
1. Le chant de la vigne : amour, attente et jugement
Le viticulteur
a préparé sa vigne avec un soin méticuleux :
· Il l’a plantée sur un coteau fertile (Ésaïe 5:1) → placée dans un environnement propice à sa croissance spirituelle.
- Il en a retiré les
pierres → préparé son peuple en lui donnant des lois et des
instructions.
- Il y a déposé un
plant de choix → Israël est un peuple choisi et béni.
- Il a bâti une tour
pour la surveiller→ établi des protections et des institutions
pour guider son peuple.
- Il a même creusé une
cuve pour recueillir le vin attendu
(Ésaïe 5:2) → attend des bons raisins - Dieu espère
voir la justice et la fidélité.
Tout a été mis en œuvre pour
qu’elle porte du fruit de qualité. Pourtant, contre toute attente, elle a
produit des raisins sauvages, marquant ainsi un échec
inexplicable. La
formulation hébraïque ici pourrait littéralement être traduite par fruits puants. La vigne de Dieu a produit des
raisins pourris. Face à cette situation, Dieu s’adresse directement aux
habitants de Jérusalem et de Juda, les convoquant en témoins et en juges (Ésaïe
5:3). Le constat est accablant : la vigne a failli, non par manque de soin
ou d’attention, mais par sa propre défaillance. Tout ce qui pouvait être
fait pour assurer sa prospérité a été accompli, et pourtant, elle n’a produit
qu’une récolte corrompue et décevante. Dieu lui-même s’interroge
:
« Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n’aie pas
fait pour elle ? Pourquoi, quand j’ai espéré qu’elle produirait de bons
raisins, en a-t-elle produit de mauvais ? » (Ésaïe
5:4).
Cette
question, bien que rhétorique, révèle toute la douleur divine face à
l’ingratitude et à la rébellion de son peuple. Le verdict divin est prononcé : puisque la
vigne n’a pas répondu aux soins qui lui ont été prodigués, elle sera abandonnée
à elle-même (Ésaïe 5:5-6) : La haie protectrice sera détruite ;
le mur d’enceinte renversé ; elle deviendra un lieu de désolation,
livré aux ronces et aux épines. Même la pluie, don céleste qui vivifie la
terre, sera retenue. Ce n’est pas tant un châtiment arbitraire qu’une conséquence
inéluctable de l’échec du peuple à produire la justice et la
droiture que Dieu attendait.
L’interprétation
du chant est explicite : la vigne représente la maison d’Israël, Juda est la
plantation que Dieu chérissait (Ésaïe 5:7). Mais au lieu d’y trouver le
droit et la justice, il n’y a que violence et clameur. Le peuple, investi
d’une vocation sacrée, a perverti son rôle, troquant la
droiture pour l’iniquité, la paix pour l’oppression.
Loin d’être
un juge impitoyable, Dieu est un agriculteur
patient et bienveillant, qui n’a
épargné aucun effort pour permettre à sa vigne de prospérer. Son intervention
n’est pas un châtiment infligé par cruauté,
mais un retrait de sa protection, laissant Israël récolter les fruits
amers de son infidélité. Derrière cette parabole se dessine une vérité plus
universelle : Dieu donne à chacun un cadre propice à l’épanouissement spirituel,
mais nul ne peut être contraint à produire le fruit de la justice. Si
la réponse à tant de grâce est l’indifférence ou la
corruption, alors Dieu, dans son infinie sagesse, laisse les
conséquences naturelles suivre leur cours. Il ne s’agit pas d’un caprice divin,
mais d’une leçon profonde sur la responsabilité
humaine face à l’appel divin.
Ainsi, ce chant d’amour
devient une complainte, et cette complainte un avertissement. La vigne de Dieu
est appelée à porter du fruit ; si elle refuse, elle ne peut s’attendre à être
préservée contre sa propre ruine.
2. La croix : l’ultime preuve que Dieu a tout fait pour nous
Nous excellons dans l’art de
formuler des idées sur ce que les autres, qu’il s’agisse d’individus ou
d’organisations, devraient faire. Qui n’a jamais participé à une discussion où
l’on entend cette phrase familière : "Y a qu'à, faut qu'on" ou « Ce
qu’ils devraient faire, c’est… » Nous sommes tous, à un moment ou un autre,
prompts à dicter ce que les autres devraient accomplir. Cette présomption
s’infiltre parfois dans nos réflexions sur ce
que Dieu devrait ou ne devrait pas faire.
Nous nous érigeons en experts de
l’interprétation biblique, adaptant son message à notre propre
conception de l’action divine. Ainsi, parmi les croyants, nous trouvons un
large éventail de pensées, allant des théistes – qui estiment que Dieu a créé
l’univers, puis l’a laissé suivre son cours, sans intervention particulière - aux
prédestinationistes, qui soutiennent que chaque événement suit un plan
préétabli, orchestré de toute éternité. La vérité se situe probablement entre
ces deux extrêmes. La plupart d’entre nous reconnaissent que la Bible témoigne
d’une interaction vivante entre le Créateur et sa création,
une interaction qui s’inscrit dans le cadre – ou la liberté, si l’on préfère – du libre arbitre.
Et au cœur de cette dynamique se trouve le récit extraordinaire d’un Dieu
qui, lui-même, s’est fait homme afin de nous sauver.
Si l’on observe les grandes
religions du monde, on y trouve nombre de préceptes et de conseils visant à
mener une vie juste pour atteindre un état supérieur. Or, le message chrétien
est tout autre : Dieu est devenu l’un des nôtres pour nous sauver. Quelqu’un
a illustré cette distinction de manière frappante : imaginons l’humanité
prisonnière au fond d’un gouffre profond, le salut étant représenté par la
sortie de cet abîme.
· La plupart des religions décrivent leur divinité postée au sommet du précipice, exhortant l’homme à escalader pour le rejoindre.
· Le christianisme, quant à lui, proclame que Dieu est descendu lui-même dans le gouffre pour nous en relever.
Quand nous regardons la croix
à la lumière d'Ésaïe 5:4, où Dieu pose cette question poignante : « Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n’aie pas
fait pour elle ? », nous comprenons combien ces paroles prennent une
signification encore plus profonde et merveilleuse en Jésus-Christ.
Dans Ésaïe 5, Dieu exprime sa
douleur et sa frustration face à l’infidélité de son peuple. Mais au lieu de
simplement abandonner son peuple ou de se détourner définitivement de lui, Dieu a poursuivi
son œuvre rédemptrice en envoyant son propre Fils, Jésus-Christ. La croix est la réponse ultime à la question de Dieu.
Dieu ne s'est pas contenté
d’envoyer des prophètes ou d’établir des lois. Il a donné Jésus-Christ, son
Fils bien-aimé, en sacrifice pour le salut du monde (Jean 3:16). Alors
qu’Israël, la "vigne", a échoué à produire de bons fruits, Jésus
a parfaitement accompli la volonté du Père, devenant le "vrai cep" (Jean 15:1) à travers
lequel le salut est désormais offert. Si Dieu avait déjà fait tout ce qui était
possible pour Israël, la croix montre qu’il était prêt à aller encore plus
loin, en payant lui-même le prix du péché. Contrairement à Israël, qui a
produit des "mauvais raisins",
la mort et la résurrection de Jésus ont porté un
fruit abondant : la réconciliation entre Dieu et l’humanité, la
possibilité d’une vie nouvelle pour tous ceux qui croient en lui.
Que pouvait-il faire de plus ? La réponse est évidente : rien d’autre n’était possible, car Dieu a tout donné en Christ. « Lui qui, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, Mais s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes. Et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Phi. 2:5-8).
Que Dieu nous aide à :
- Répondre avec amour et fidélité à Son
amour sacrificiel.
- Porter les fruits qu’Israël
n’a pas su produire : la justice, l’amour et l’obéissance.
- Demeurer attachés au Christ, le
vrai cep, pour que notre vie produise du fruit (Jean 15:5).
Ainsi, en contemplant la
croix, nous voyons que Dieu n’a rien retenu pour sauver son peuple. Son
amour et sa grâce sont allés au-delà de toute attente, faisant de cette
question d’Ésaïe une démonstration éclatante de
l’amour divin révélé en
Jésus-Christ.
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