UNE VISION ERRONÉE DE DIEU
UNE VISION ERRONÉE DE DIEU
Samedi 1er février 2025
Semaine 5 : La colère de l’amour de Dieu
Thème
général : L'amour et la justice de Dieu
Texte à méditer : Le Seigneur déclare : Vous prononcez contre moi des paroles qui
sont dures puis vous demandez : “Quels propos malveillants à ton égard
avons-nous échangé entre nous ?” (Malachie
3 :13 NFC).
Il est des questions qui troublent, parce qu’elles
nous contraignent à sortir de notre zone de confort. Des questions auxquelles
une réponse conventionnelle ne suffit pas, des questions qui ne se contentent
pas d’une récitation de versets bibliques. Des questions si dérangeantes que
ceux qui les posent sont parfois qualifiés d’hérétiques. Et pourtant, lorsque
l’on s’engage dans une démarche sincère, il faut bien reconnaître que notre conception
de Dieu présente des incohérences.
Nous répétons souvent ce que nous avons appris dès
l’enfance, avec des mots simples, comme je l’expliquais encore récemment à mon
neveu de cinq ans : Jésus est mort à notre place. Dieu est en colère lorsque
nous mentons. Dieu punit les méchants. Et, spontanément, l’enfant m’a
répondu que Dieu allait punir l’un de ses camarades. À ses yeux, tous ses
camarades qui commettent des bêtises, sont des méchants et doivent être châtiés.
Puis, à l’âge adulte, la question revient, encore et
encore. Voici l’une d’elles, qui m’a été posée cette semaine et que je partage,
car je suis convaincue qu’elle habite nombre d’entre nous :
« Ce point de la mort de Jésus est celui que je
n’arrive pas à comprendre. Comment un père peut-il laisser mourir son fils pour
les péchés des autres ? Je ne saisis pas le sens de cet échange… Voir son fils
transpercé par une lance, l’entendre crier : "Père, pourquoi m’as-tu
abandonné ?" Moi, je me pose des questions. »
La méditation intitulée « COMMENT
COMPRENDRE LA COLÈRE DE L’AMOUR DE DIEU », publiée ce matin, constitue la
première partie la réflexion qui va suivre. Toutefois, cette dernière peut
aussi être lue de manière indépendante – Les éléments principaux sont traduits des
publications de Jonathan
Gallagher, Représentant de l’Eglise à l’ONU et Secrétaire général adjoint de l'Association
internationale pour la liberté religieuse.
Comment
comprendre la colère de Dieu ?
Dans l’hébreu de l’Ancien Testament, le terme usuel pour désigner la
colère évoque l’image d’un nez qui s’échauffe. Dans Exode 4:14, le texte dit
littéralement : « Le nez de l’Éternel s’enflamma contre Moïse » - comme on le
voit par exemple dans 1 Samuel 17:28. Lorsqu’un
concept aussi humain est appliqué à Dieu, il convient d’interroger sa validité
fondamentale.
Il est évident que le courroux de Dieu ne saurait ressembler à celui des
hommes, qui conduit à des paroles irréfléchies et à des actes violents,
dépourvus de considération pour leurs conséquences. Le problème avec la colère
humaine réside dans son irrationalité : elle nous pousse à agir sans discernement,
avec des conséquences souvent désastreuses. Employer
le même mot pour décrire la colère divine est donc problématique.
Certes, Dieu réagit avec vigueur face à toute forme de mal –
l’injustice, la méchanceté, le viol, le meurtre, et tant d’autres abominations.
Il ne serait pas Dieu s’il restait insensible à de telles atrocités. Mais il ne
faut pas projeter sur Dieu une colère qui serait l’écho de nos propres émotions
humaines.
Une vision erronée de Dieu
« Vous avez tenu des propos durs contre
moi, dit l’Éternel » – Malachie
3:13 (Bible en français courant).
Associer Dieu, qui est amour, à notre conception de la colère constitue
une profonde méprise. Cette erreur se manifeste
souvent lorsqu’on cherche à expliquer pourquoi Jésus devait mourir. Dans un souci de défendre la doctrine, de
préserver une certaine vérité ou de protéger l’honneur de l’Église, les
formulations dogmatiques en viennent parfois à trahir leur propre intention.
Nos conceptions de Dieu influencent profondément notre compréhension de
la foi. C’est pourquoi tant de croyants sont troublés lorsque les formulations
traditionnelles sont remises en question. Accuser
quelqu’un d’hérésie, de douter ou d’apostasie devient alors une réaction
instinctive face à toute tentative d’exprimer la foi autrement.
Pourtant, interroger ces doctrines est essentiel pour une véritable
compréhension.
Car en décrivant Dieu comme l’ont fait certains chrétiens, on en vient à
le peindre avec les couleurs de l’Adversaire : un Dieu vindicatif, hostile,
en colère, résolu à nous anéantir à moins qu’un prix ne soit payé en sang. Dans
cette vision, Dieu doit être apaisé avant de pouvoir faire preuve de bonté
envers nous. Comme le souligne Steve Chalke, « en insistant uniquement sur la
colère de Dieu et sur son apaisement par la croix, nous déformons son
caractère. Nous le dépeignons comme un être animé d’un désir de rétribution,
plutôt que comme un Père profondément aimant mais peiné par nos actes… Pour
finir, si l’on croit en la substitution pénale,
la croix ne parle plus de l’amour de Dieu, mais de sa colère. »
Est-ce réellement le message que nous voulons transmettre ? Doit-on
croire que Dieu devait être persuadé de ne pas exercer sa colère et de ne pas
se venger de nous ? Devait-il être apaisé d’une quelconque manière ? John
Murray définit ainsi cette idée : « L’expiation suppose la colère et le
mécontentement de Dieu ; et son but est la suppression de ce mécontentement.
Très simplement, la doctrine de l’expiation signifie que Christ a apaisé la
colère divine et a rendu Dieu favorable envers son peuple. » Mais comme
l’observe Julie M. Hopkins, « Il est moralement révoltant de
prétendre que Dieu le Père a exigé le sacrifice de son Fils unique pour
rétablir l’équilibre de la justice... Un Dieu qui punit par la douleur, le
désespoir et la mort violente ne peut être un Dieu d’amour, mais un sadique et
un despote. »
Hélas, cette conception a dominé la théologie chrétienne durant des
siècles. Un exemple parmi tant d’autres est la Confession saxonne protestante
présentée au Concile de Trente en 1552, qui déclare : « Telle est la
sévérité de sa justice qu’il ne peut y avoir de
réconciliation sans paiement de la peine. Telle est l’ampleur de la
colère de Dieu que le Père éternel ne peut être apaisé que par la supplication
et la mort de son Fils. »
Une colère divine qui est amour
Dans notre réflexion sur « La colère de l’amour divin », il nous faut
rejeter les représentations erronées de Dieu qui relèvent davantage des
mensonges de l’Adversaire que de la révélation divine. Mieux vaut n’avoir aucune idée de Dieu que d’en avoir une
qui le défigure.
Le mot grec hilastérion, traduit par « expiation » ou «
propitiation » dans Romains 3:25, signifie en réalité « le don qui apporte la
paix », ou encore « le don de la réconciliation ». Il ne comporte en aucun cas
l’idée d’apaiser la colère d’un Dieu vengeur, ni de le « propitier ». Car propitier
signifie rendre favorable – or Dieu l’était déjà !
C’est précisément parce que Dieu nous était favorable que Christ est
venu. Non pas pour satisfaire une exigence de
vengeance, mais pour révéler un amour qui sauve, qui vient à nous, qui pardonne
et qui guérit.
Dieu nous ramène à lui en se donnant à nous, et non à travers des idées
erronées d’apaisement ou d’expiation punitive. Remarquons bien que nous sommes
sauvés par la vie de son Fils, et non par sa mort. C’est nous qui étions
hostiles à Dieu, pas l’inverse ! Voilà le Dieu d’amour que nous célébrons, et
non un Dieu de colère !
Abondantes grâces de la part de l’Éternel !
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