PRÉDESTINATION ET LIBERTÉ DANS LE DESSEIN DIVIN
PRÉDESTINATION ET LIBERTÉ
DANS LE DESSEIN DIVIN
Jeudi 20 février 2025
Semaine 8 : Libre arbitre, amour et providence divine
Thème général : L'amour et la justice de Dieu
Textes à méditer :
Ø "En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté" (Éphésiens 1:11).
Ø "Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu" (Romains 8:28).
Le thème de la méditation de
ce trimestre – « L'amour et la justice de Dieu » - nous a
confrontés à des discussions stimulantes. Aujourd’hui encore, nous abordons un
sujet délicat : la prédestination. Comment
le libre arbitre humain et la souveraineté de Dieu
interagissent-ils avec le salut et la prédestination ?
1. La prédestination selon Éphésiens 1:9-11
Le terme grec « prédestination
» (prohorizo), tel qu’employé dans les Écritures, ne signifie pas que
Dieu détermine causalement l’histoire, mais plutôt qu’Il décide à l’avance en tenant compte des libres décisions des
créatures. Ainsi, la prédestination biblique concerne ce que Dieu
prévoit pour l’avenir après avoir anticipé ces choix, lui permettant de guider
providentiellement l’histoire sans abolir la liberté nécessaire à une relation
d’amour authentique.
Éphésiens 1:11 déclare que
Dieu « opère toutes choses d’après le conseil de
sa volonté. » Pris isolément, ce
passage pourrait suggérer une prédétermination absolue, mais d’autres textes montrent
que l’homme peut rejeter le dessein de Dieu. (Lc 13:34 ; Ps 81:11-14 ; Lc
7:30 : ‘mais
les pharisiens et les docteurs de la loi, en ne se faisant pas baptiser par
lui, ont rendu nul à leur égard le dessein de Dieu’) Si la Bible ne se contredit
pas, comment ces passages peuvent-ils être compris d’une manière cohérente les
uns avec les autres?
Cette apparente tension
s’éclaire en distinguant la volonté idéale et la
volonté de remédiation de Dieu. La volonté parfaite de Dieu et Son
œuvre de restauration.
- *Sa volonté idéale* correspond à ce qu’Il désire
pleinement : que tous vivent dans l’obéissance et l’amour (1 Timothée 2:4
; Ézéchiel 33:11 ; 2 Pierre 3:9).
- *Sa volonté de remédiation* tient compte des choix
humains et oriente malgré eux l’histoire vers Son dessein ultime (Gen.
50:20 ; Romains 5:8 ; Luc 19:10 ; Hébreux 12:6-7 ; 2 Chroniques 7:14).
Ainsi, Éphésiens 1:11 semble
renvoyer à cette volonté de remédiation, par laquelle Dieu, tout en
respectant la liberté humaine, œuvre en vue de Ses bonnes fins désirées pour
tous.
2. L’œuvre de remédiation dans l’histoire de Joseph
L’histoire de Joseph illustre
cette providence rédemptrice. Face aux épreuves qu’il traverse, Joseph
perçoit l’ambiguïté d’un parcours marqué à la fois par les intentions malveillantes
des hommes et par la sagesse divine qui en a tiré un bien supérieur. Ces deux
dynamiques ne s’excluent pas : l’intervention de Dieu ne justifie en rien
l’injustice humaine, mais elle la déjoue et la transcende pour accomplir Son
dessein. Ainsi, Genèse 50:20 exprime cette vérité profonde : « Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l’a changé en
bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à
un peuple nombreux. » Autrement dit, la providence de Dieu convertit une
situation misérable, née des mauvaises actions humaines, en une bénédiction
inattendue.
E. White souligne cette
réalité en employant le langage de l’annulation : « Par envie, ses frères
l’avaient vendu comme esclave. Ils voulaient ainsi l’empêcher de devenir plus
grand qu’eux. Aussi, quand ils l’eurent exilé en Égypte, se flattèrent-ils à la
pensée qu’ils n’auraient plus rien à craindre de ses songes. Mais Dieu dirigea
les événements de manière à réaliser précisément ce qu’ils avaient voulu
prévenir » (Patriarches et prophètes, p. 205).
3. Quelle est l’étendue de la connaissance et du contrôle de Dieu ?
Dans mon champ de compétences,
la physique, nous consacrons l’essentiel de nos efforts à déterminer comment prédire ce qui va se produire dans un système donné. Dans sa forme la plus
simple, cette démarche consiste à mesurer des comportements en fonction du
temps, à tracer des graphes et à exprimer ces relations sous forme d’équations,
souvent avec un degré de confiance très élevé.
Ainsi, si l’on interroge un astronome (qui n’est autre qu’un physicien ayant
pris l’habitude de regarder vers le ciel) sur la date et la localisation de la
prochaine éclipse solaire, il pourra en prédire avec précision l’heure de début
et de fin, ainsi que le trajet de l’ombre de la Lune à travers la Terre. Plus
encore, il pourra fournir ces mêmes données pour
toutes les éclipses des mille prochaines années, avec presque la même
exactitude.
Cette illustration est
révélatrice car certains d’entre nous considèrent le comportement humain –
passé, présent et futur – comme un phénomène physique d’une immense complexité,
où le principe de causalité s’appliquerait selon des lois encore inconnues.
Lorsqu’on introduit Dieu dans cette équation,
nous avons parfois tendance à le percevoir comme un super-physicien
qui connaît déjà ces lois et qui sait exactement comment les relations de cause
à effet vont se dérouler.
Cela nous amène alors à poser
deux grandes questions : « *Jusqu’où s’étend la connaissance de Dieu ?* » et « *Si
Dieu sait tout, jusqu’à quel point exerce-t-il un contrôle ?* »
4. Entre prédestination et libre arbitre
D’un côté, les "prédestinationnistes"
soutiennent que Dieu sait tout et que, par conséquent, nous sommes prédestinés
à être sauvés ou perdus avant même notre naissance. De l’autre, certains
théistes affirment que bien que Dieu soit omniscient, il n’exerce aucun
contrôle sur les événements ou choisit de ne pas intervenir.
Entre ces deux extrêmes, il
existe un large éventail de perspectives sur ce que Dieu sait, ce qu’Il
contrôle, et pourquoi Il intervient ou non.
Dans l’histoire de l’Église, les
positions dogmatiques adoptées aux extrémités de ce spectre ont parfois entraîné
des conséquences désastreuses. Certains réformateurs, notamment Calvin
et Knox, étaient des partisans rigides de la prédestination, ce qui a conduit à
certaines des pires persécutions perpétrées par les protestants.
5. Pourquoi examiner d’autres interprétations de la prédestination ?
Le mot grec traduit par «
prédestination » apparaît six fois dans le Nouveau Testament. L’auteur de la
méditation de ce trimestre propose d’explorer des traductions alternatives. Pourquoi
devrions-nous envisager d’autres interprétations ?
La Bible, dans son ensemble,
indique clairement que nous avons le choix. En réalité, une grande partie des
Écritures perdrait son sens si nous étions strictement prédestinés. L’histoire
du peuple hébreu est jalonnée de références à des individus faisant des choix,
qu’ils soient bons ou mauvais. D’ailleurs, Jean 3:16, l’un des versets les plus
emblématiques du salut, affirme : « quiconque croit », une formulation qui n’aurait aucun sens si nous
n’avions pas la possibilité d’exercer notre libre arbitre.
6. Dieu entre souveraineté et liberté humaine
À l’autre extrême du débat,
certains théistes postulent un Dieu qui ne saurait pas tout et qui ne serait
pas souverainement en contrôle des événements. Cette vision, sous ses diverses
variantes, tend à présenter une image considérablement réduite de Dieu.
Face à ces tensions
théologiques, il est important de garder à l’esprit quelques principes
fondamentaux :
- Dieu n’est pas capricieux. Il nous aime.
- Satan cherche à nous faire croire que Dieu est
arbitraire et indifférent à notre sort.
- Dieu est souverain, mais Il ne manipule pas les
êtres humains.
- Notre perspective est extrêmement limitée par
rapport au grand conflit entre le bien et le mal.
Plutôt que de s’engager dans
un débat sans fin sur l’étendue de la connaissance divine, une réponse
empreinte de mystère s’impose : « Dieu connaît ce
qui est connaissable par Lui » – selon Sa
propre définition et non selon celle des hommes. Il connaît, par
exemple, la fin des choses avant leur commencement, qu’elles appartiennent au
passé, au présent ou à l’avenir (Ésaïe
46:9-10 ; Psaume 139:4 ; Actes 2:23). Qui
pourrait alors, à l’échelle humaine, prétendre saisir pleinement l’ampleur d’un
tel savoir ?
Les prises de position
dogmatiques sur ces questions ont souvent engendré des divisions au sein des
communautés chrétiennes. Il est donc essentiel d’ancrer solidement ses propres
convictions, tout en cultivant un profond respect pour celles d’autrui.
Conclusion : Providence et liberté - une œuvre de transformation
Loin de forcer le destin des
hommes, la souveraineté divine agit sans
contraindre, corrige sans effacer, et guide sans abolir le libre arbitre.
Éphésiens 1:11 semble ainsi faire référence à la volonté de remédiation de
Dieu, qui, sans nier les choix humains, réaligne l’histoire en fonction de Son
dessein rédempteur.
Cette tension entre volonté idéale et volonté de remédiation éclaire le débat
sur la prédestination : Dieu ne
prédétermine pas le salut ou la perdition de quiconque, mais Il connaît
d’avance les décisions de Ses créatures et façonne l’histoire en conséquence.
Il demeure souverain, mais non contraignant, orientant toutes choses vers un
bien ultime qui respecte à la fois Sa justice et Son amour.
Quelle que soit notre
perspective théologique, une chose demeure centrale : la grâce. C’est
Dieu qui nous attire à Lui, et c’est par Sa miséricorde que nous sommes
conduits à faire les bons choix : « C’est par la grâce que vous êtes
sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de
Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens
2:8-9).
Abondantes
grâces de la part de l’Éternel !
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