COMMENT CROIRE AU LIBRE ARBITRE ?
COMMENT CROIRE AU LIBRE ARBITRE ?
Samedi 22 février 2025
Semaine 8 : Libre arbitre, amour et providence divine
Thème
général : L'amour et la justice de Dieu
Texte à méditer : "Vous
devez croire au libre arbitre. Vous n’avez pas le choix !"
Cette citation est
souvent attribuée à Isaac Bashevis Singer, écrivain américain d'origine
polonaise et lauréat du prix Nobel de littérature en 1978. Cette phrase
illustre avec ironie le paradoxe du libre arbitre et du déterminisme.
Le libre
arbitre peut être compris comme la faculté de prendre des décisions sans être
contraint par le passé, les circonstances ou des influences extérieures.
Pourtant, cette notion pose un problème dans un
monde gouverné par des lois naturelles. Si l’univers est régi par un
enchaînement logique de causes et d’effets, chaque événement découle
nécessairement d’un précédent. Dans ce cadre, un choix entièrement libre, qui ne serait
déterminé par aucune cause préalable, semblerait sortir de cette logique et,
par conséquent, apparaîtrait
comme irrationnel.
Cette
attitude fataliste nous confronte à un défi dans notre monde scientifique
moderne. Si je ne suis que le produit d’un ensemble de lois physiques, alors je
ne suis qu’une machine, aussi complexe soit-elle. La pensée, bien que réelle,
serait conditionnée par des forces extérieures à moi-même. Et si, par un
enchaînement particulier de circonstances, j’en venais à croire que j’exerce un
libre arbitre et que je détermine mon existence, mes relations et mon
comportement par choix, je serais dans l’erreur. À moins, bien sûr, de postuler l’existence d’autre chose que de simples lois
mécaniques pour expliquer qui je
suis et ce que je fais.
Cependant,
le fait que nous acceptions inconsciemment l’existence du libre arbitre peut
nous empêcher d’en mesurer toute la portée. Parce que nous croyons pouvoir
décider et faire des choix—ce qui nous semble évident, presque naturel - nous avons tendance à considérer cette faculté comme
acquise. Pourtant, si nous étions les produits d’un univers qui se
serait « auto-engendré », alors la forme de vie la plus rationnelle serait
celle où toutes les décisions seraient déjà prises à l’avance. Or, puisque nous
croyons posséder un libre arbitre, nous rejetons instinctivement un monde dans
lequel nous naîtrions, vivrions et mourrions sans jamais faire de choix.
Le libre arbitre et la liberté ne peuvent émerger d’un
univers qui serait apparu par lui-même. La vision scientifique moderne, qui postule un Big Bang ou un processus
cyclique, est incapable d’expliquer la liberté que nous expérimentons. L’existence
même du libre arbitre plaide en faveur de l’existence de Dieu. Un univers
entièrement déterministe, où chaque cause engendre nécessairement son effet,
correspondrait à une vision logique et « scientifique » qui exclut l’hypothèse
divine. Mais un tel univers ne permettrait pas l’émergence de la morale, des
décisions éthiques ou de la liberté religieuse, car toutes ces notions reposent
sur l’exercice du libre arbitre, lequel ne peut en aucun cas être le produit
d’un univers issu du seul hasard du Big Bang. Seule l’hypothèse d’un être
pensant, déjà doté du libre arbitre, peut expliquer notre propre capacité à
faire des choix libres.
Bien
entendu, Dieu a pris un risque. « La liberté est
toujours dangereuse, disait Harry Emerson Fosdick, mais c’est la chose la plus sûre que nous ayons.
» Il avait pleinement conscience que le libre arbitre pouvait conduire à des
conséquences désastreuses. Mais sans ce pouvoir de décision, il ne peut y avoir
de relation authentique. Dieu ne s’est pas contenté d’observer
l’humanité à distance ; il s’est incarné, il a
vécu parmi nous et a expérimenté
nos souffrances et nos dilemmes. En nous dotant du libre arbitre, il a pris un
risque : celui de nous laisser la possibilité de choisir, y compris de nous
détourner de lui. Car sans liberté, il ne peut y avoir ni responsabilité, ni
véritable amour.
Meyer Levin
exprimait cette idée en affirmant : « Pour que
l’homme devienne véritablement libre, Dieu a dû placer sa volonté au-delà même
de toute intervention divine. » En conférant à l’humanité la liberté
de choix, y compris dans les questions religieuses, Dieu témoigne de l’estime
suprême qu’il accorde à notre liberté. Comme l’écrivait Dante : « Le plus grand don que Dieu, dans sa bonté, ait fait à
l’humanité, c’est la liberté de la volonté. »
Nous avons
le libre arbitre dans nos choix, en particulier dans celui de croire ou de ne
pas croire, et dans celui de permettre aux autres d’exercer cette même liberté.
Par conséquent, nous sommes libres d’aimer. Et Dieu lui-même possède un libre
arbitre, ce qui donne tout son sens à la «
providence divine » : non pas pour altérer nos décisions, mais pour nous guider
et nous accompagner sur le chemin
que nous avons choisi.
Mais comment rendre le libre arbitre tangible dans notre quotidien ? Ce n’est pas seulement une question
philosophique ou théologique, mais une réalité que nous incarnons à travers nos
choix. Chaque fois que nous décidons d’aimer
malgré la haine, de pardonner au lieu de nous venger, d’aider quand il serait
plus facile d’ignorer, nous affirmons concrètement notre liberté.
Nos actions, bien plus que nos discours, témoignent de notre capacité à
transcender les influences extérieures et à exercer une volonté propre. Le
libre arbitre devient alors non seulement une vérité conceptuelle, mais une
force qui façonne notre existence et celle des autres. Il nous appartient de le
vivre pleinement, en conscience, et de reconnaître que notre liberté est précieuse
précisément parce qu’elle nous engage.
HAPPY SABBATH !
Commentaires
Enregistrer un commentaire