UNE INDIGNATION AIMANTE ET JUSTE


UNE INDIGNATION AIMANTE ET JUSTE 


Mercredi 29 janvier 2025

Semaine 5 : La colère de l’amour de Dieu

Thème général : L'amour et la justice de Dieu


Texte à méditer :  « Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables » (Jean 2:15).


Les récits évangéliques relatant la purification du temple (Matthieu 21:12-13 ; Marc 11:15-17 ; Luc 19:45-48 ; Jean 2:14-15) offrent un éclairage essentiel sur la nature de la colère divine. La scène se déroule dans un contexte où le temple de Jérusalem, censé être un lieu de prière et de communion avec Dieu, est devenu un centre de commerce abusif. Les marchands profitaient de l'obligation religieuse des pèlerins d’acheter des animaux pour les sacrifices en leur imposant des prix exorbitants, et les prêtres eux-mêmes tiraient profit de ces pratiques, au détriment des plus pauvres. Le temple et les services, qui étaient censés symboliser le pardon gracieux de Dieu et Sa purification des pécheurs, étaient plutôt utilisés pour tromper et opprimer certains des plus vulnérables. Ainsi, voyant le temple transformé en un lieu de profit au détriment des fidèles, Jésus laissa éclater une sainte indignation : d’un geste d’autorité, il renversa les tables des changeurs, chassa les marchands et déclara avec force : « Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs ! » (Matthieu 21:13).


De nombreux exégètes s’accordent à voir dans cet épisode une indignation juste et prophétique. Craig S. Keener insiste sur l’exploitation économique des pèlerins par les marchands et les prêtres. R. Bauckham met en lumière l’autorité divine de Jésus qui, par cet acte, réaffirme la vocation du temple comme maison de prière pour tous. L. Morris souligne que la colère du Christ n’a rien de destructeur : elle est pure, désintéressée, et traduit son zèle pour la sainteté de Dieu. J. Jeremias met en évidence la perversion institutionnelle du système religieux, où les chefs spirituels s’enrichissaient injustement aux dépens du peuple. William Barclay insiste, quant à lui, sur la dimension morale et spirituelle de cette purification : Jésus refuse que la foi devienne un instrument d’exploitation. Sa colère n'est pas une manifestation de violence aveugle, mais une réponse théologique et prophétique à l’injustice. Son indignation n’est pas motivée par un désir de punition, mais par un amour profond pour son peuple et un désir ardent de restaurer la véritable adoration.


Ellen G. White met en lumière ce contraste frappant entre les marchands cupides et l’attitude que les prêtres auraient dû adopter. Elle explique que ces derniers, au lieu de rechercher leur propre profit, auraient dû être des modèles d’intégrité et de compassion, en veillant aux besoins des fidèles et en venant en aide aux plus démunis. Mais leur cœur s'était endurci par la cupidité. Ainsi, la colère de Jésus nous interpelle : notre foi nous pousse-t-elle à combattre les injustices et à défendre les opprimés, ou restons-nous indifférents à la souffrance des autres ?


Cet exemple n’est pas un cas isolé. De nombreux autres passages des Évangiles illustrent l’indignation juste de Jésus, toujours motivée par son amour pour l’humanité et son rejet de l’injustice. Ainsi, dans Marc 10:13-14, lorsque des personnes lui amènent de petits enfants et que les disciples cherchent à les repousser, Jésus s’indigne et leur ordonne : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ». Son indignation ici est l’expression d’un amour offensé, face à une attitude qui contredit la bienveillance de Dieu envers les plus vulnérables. Un autre exemple se trouve dans Marc 3:4-5, où les pharisiens cherchent à accuser Jésus pour avoir guéri un homme le jour du sabbat. Connaissant leurs pensées, il les interpelle : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer ? » Mais voyant leur cœur endurci, il promène sur eux un regard empreint d’indignation et de tristesse, puis guérit l’homme. Ici encore, la colère du Christ est intimement liée à son chagrin devant l’endurcissement des cœurs. Ainsi, l’indignation de Jésus, à l’image de celle de Dieu dans l’Ancien Testament, n’est jamais une explosion de colère arbitraire, mais une réponse juste et douloureuse à l’injustice, à l’hypocrisie et au refus d’aimer véritablement.


L’indignation mal orientée : un avertissement de Jésus

Alors que Jésus se dirige résolument vers Jérusalem, il envoie des messagers préparer son arrivée dans un village samaritain. Cependant, les habitants refusent de l’accueillir en raison de son itinéraire. Outrés par ce rejet, Jacques et Jean, dans un élan de zèle mal maîtrisé, s’écrient : « Seigneur, veux-tu que nous appelions le feu du ciel pour les consumer ? » Mais Jésus les reprend sévèrement, leur rappelant que sa mission n’est pas de détruire, mais de sauver (Luc 9:53-56). Ce passage met en lumière un piège subtil dans lequel nous pouvons facilement tomber : confondre notre propre colère avec une juste indignation. Il est aisé de succomber à ce piège, car la colère procure un sentiment de puissance et nous sommes souvent enclins à rationaliser nos émotions pour échapper à notre responsabilité. L’aveuglement spirituel nous empêche parfois de discerner la véritable nature de nos motivations. Jésus rejette toute indignation qui n’est pas enracinée dans l’amour et la volonté divine : notre indignation est-elle véritablement juste, ou est-elle dictée par notre propre orgueil, frustration ou désir de contrôle ? Seul un cœur aligné sur celui du Christ peut discerner une colère légitime d’une réaction égoïste.


Quand Dieu tarde à s’indigner

Face aux tragédies qui ont marqué l’histoire de l’humanité – esclavage, Holocauste,  colonialisme, Apartheid, génocide rwandais – il est naturel de s’interroger : où était Dieu ? Pourquoi son indignation n’a-t-elle pas semblé se manifester ? Devons-nous conclure à Son indifférence ? La Bible est claire : Dieu n’est ni indifférent ni passif devant l’injustice (Psaume 103:6, Ésaïe 61:8, Exode 3:7-8). Mais Son intervention ne suit pas toujours nos attentes. Nous sommes souvent pressés de voir Sa justice s’exercer immédiatement, alors que Lui, dans Sa sagesse infinie, patiente, appelle à la repentance et prépare un jugement parfait.


Lorsque nous sommes confrontés à l’injustice, nous avons le choix : attendre passivement que Dieu intervienne, ou répondre à Son appel en incarnant Sa justice et Sa miséricorde. Il ne nous demande pas d’expliquer chaque épreuve, mais de ne pas rester spectateurs. Michée 6:8 nous interpelle encore aujourd’hui : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et qu’est-ce que l’Éternel demande de toi, sinon que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? »


Par ailleurs, une conception d’un Dieu changeant s’accorde-t-elle avec les innombrables passages bibliques affirmant son immuabilité ? « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jacques 1:17). Pour finir, la question essentielle est la suivante : plaçons-nous notre confiance dans le Logos (la Parole) de Dieu, ou bien dans la logique humaine ?


Lorsque des atrocités surviennent et que nous avons le sentiment que Dieu ne répond pas comme nous l’espérions, notre premier réflexe devrait être de lui demander discernement et lumière pour comprendre ces événements. Il nous accordera une part de compréhension, qui n’expliquera peut-être pas tout, mais nous aidera à demeurer enracinés dans la foi.


Mais au-delà de la compréhension, nous devons aussi chercher en Dieu la force et le courage d’affronter ces tragédies. Parfois, ce dont nous avons le plus besoin, ce n’est pas une réponse immédiate, mais simplement la capacité d’endurer la douleur et de continuer à avancer malgré l’incompréhension. Il est probable que certaines épreuves resteront sans réponse en cette vie, mais notre espérance ne se limite pas à ce monde. C’est en Dieu seul que nous trouvons la certitude d’une justice ultime, qui s’accomplira pleinement au-delà de l’histoire humaine.


Agréable journée sous l’aile bienveillante de l’Éternel !

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