LA MISÉRICORDE PERDUE
LA MISÉRICORDE PERDUE
Jeudi 09 janvier 2025
Semaine 2 : L’amour de l'Alliance
Thème général : L'amour et la justice de Dieu
Textes à méditer :
1. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5:7).
2. « Pardonne-nous nos offenses, comme nous
pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Matthieu 6:12).
Dans 1 Jean
4:7-20, l’Apôtre Jean nous plonge au cœur de l’essence même de la foi
chrétienne : l’amour. Ce passage révèle que l’amour n’est pas seulement une
qualité morale, mais l’essence même, la nature fondamentale de Dieu et la preuve tangible de notre relation avec Lui.
Il met en lumière deux vérités fondamentales :
1. Dieu est la source de tout amour : « Bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est
de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean
4:7). L’amour, tel qu’il est conçu dans ce passage, provient directement de
Dieu. Aimer devient donc une preuve de notre affiliation spirituelle, une démonstration que nous avons été transformés par
cette nature divine. Cet amour n’est pas une option ou une recommandation
secondaire ; il est le fondement même de notre identité en tant qu’enfants de
Dieu. De ce fait, aimer les autres devient une priorité absolue, car c’est le
reflet de ce que nous sommes devenus en Christ.
2. Dieu nous a aimés le premier : « Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19). L’amour de Dieu précède toujours
notre amour. Cette vérité est essentielle : Dieu n’a pas attendu que nous
soyons dignes de son amour ou que nous fassions le premier pas. Il a pris
l’initiative de nous aimer « le premier », révélant ainsi un amour souverain et
gratuit. Il est offert sans condition, et c’est cette priorité de l’amour de
Dieu qui suscite en nous la capacité de répondre par l’amour. En aimant Dieu en
retour, nous reconnaissons son amour initiateur et proclamons que nous avons
été transformés par cette relation.
Cet amour
initiateur est inconditionnel et précède toute réponse de notre part. Il invite
à une réflexion sur notre capacité à répondre à l’amour de Dieu en aimant
sincèrement les autres et en vivant sans crainte sous le regard de Dieu – car l'amour parfait bannit la crainte (verset 18).
Il n’est
pas aisé d’aimer Dieu par nos propres forces, en raison de notre nature
pécheresse. Comment des êtres humains, marqués
par le péché, pourraient-ils commencer à aimer Dieu (Jérémie 17:9) ?
L’amour envers Dieu ne constitue pas une réaction spontanée de l’homme. L’état
de chute dans lequel se trouve l’humanité la rend hostile à la nature aimante
de Dieu. De même, notre nature pécheresse est foncièrement opposée à la justice
de Dieu (Romains 8:7-8). Cette triste condition explique pourquoi nous avons besoin d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau
afin d’acquérir une nouvelle orientation spirituelle tournée vers Dieu.
La capacité à aimer Dieu et à reconnaître sa bonté résulte de l’œuvre du
Saint-Esprit en nous. Livrés à nous-mêmes, nous sommes totalement incapables de
produire quelque chose de bon (Jean 15:5). Mais alors, comment parvenir à
reconnaître notre impuissance sans l’intervention du Saint-Esprit ? C’est
uniquement par la grâce de Dieu que nous parvenons à la connaissance de son
amour (1 Jean 4:19, Romains 5:5).
Dieu
est descendu à la recherche d’Adam après que
celui-ci eut péché (Genèse 3:8-9). En choisissant d’exercer son libre arbitre,
Adam avait perdu la communion avec Dieu ainsi que les privilèges qui en
découlaient. Pourtant, malgré l’ampleur de sa faute, Dieu ne l’a pas abandonné.
Adam a certes été déchu de ses privilèges, mais il n’a pas été privé de l’amour
de Dieu. Dieu a fait preuve de miséricorde envers Adam en traitant sa situation avec compassion et en lui ouvrant
une voie de rédemption et de restauration.
C’est cet amour « étrange » de Dieu, cet amour « mystérieux » qui
dépasse notre entendement. C’est cet amour qui sauve jusqu’au bout (Hébreux
7:25).
La parabole du serviteur
impitoyable dans Matthieu
18:23-35 indique que la relation d’amour de Dieu avec nous peut être
perdue si Son amour, qui nous a été offert en premier, ne se reflète pas
dans notre relation avec les autres. Dans
ce passage, un roi décide de régler les comptes avec ses serviteurs. L’un d’eux
lui doit une somme astronomique, impossible à rembourser : dix mille
talents, soit l’équivalent de soixante millions de deniers ou pièces d’argent.
Touché par les supplications du serviteur, le roi, mû par la compassion, lui
accorde un pardon total de cette dette incommensurable. À titre de repère, un
denier représentait le salaire journalier d’un ouvrier moyen (Matthieu 20:2) et
un talent correspondait à environ six mille deniers. Si l’on considère qu’un
ouvrier moyen peut travailler 300 jours par an après déduction des jours de
congé, il gagnerait ainsi 300 deniers annuellement. Il lui aurait donc fallu
environ vingt ans de labeur pour acquitter un seul talent. Par conséquent, pour
rembourser dix mille talents, cet ouvrier aurait dû travailler près de 200
000 ans. Autrement dit, cette dette était absolument irrécouvrable.
Or, ce même
serviteur, à peine libéré de son fardeau, rencontre un compagnon qui lui doit
une somme dérisoire en comparaison : cent deniers, soit l’équivalent de 100
jours de travail. Malgré les supplications de son compagnon, il lui refuse
tout délai et le fait incarcérer jusqu’au remboursement de cette modeste dette.
Informé de cette attitude cruelle, le roi convoque le serviteur, le réprimande
avec sévérité et le livre aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait remboursé la
totalité de sa dette.
La parabole
compare l’acte miséricordieux de pardon du maitre envers son serviteur à l’étonnant manque de miséricorde
et de pardon de ce même serviteur envers un compagnon de service. À la lumière de
la divergence de cette comparaison, Jésus enseigne que le pardon de Dieu,
qui vient en premier, est conditionné par notre attitude de pardon envers les
autres. En d’autres termes, la relation d’amour avec Dieu est
conditionnellement censée se refléter dans les relations humaines (voir Jn
15:12, 1 Jn 3:16, Jn 4:7-12). Sinon, notre relation d’amour avec Dieu sera
perdue. Cette malheureuse possibilité ne doit pas être considérée comme une
froide conditionnalité de la part de Dieu, mais comme un grave manque de compréhension, de la part des humains,
quant à la profondeur de la miséricorde de Dieu. Comme le souligne Luc 7:47, le sentiment du
nombre de fois que nous avons été pardonnés par Dieu est observé dans notre
expression d’amour. Ainsi, si nous n’exprimons pas d’amour aux autres, nous
n’avons pas vraiment compris, ni suffisamment apprécié, la profondeur de
l’amour de Dieu envers nous.
Sous-entendue
dans la parabole du serviteur débiteur, se trouve l’idée que le salut ne concerne pas seulement notre propre personne.
Dans nos relations avec autrui, nous sommes appelés à manifester la même
compassion et la même miséricorde que celles que Dieu offre généreusement à
chacun. Le plan de salut, en lui-même, n’est guère complexe : Dieu nous aime,
et en retour, nous devons aimer les autres. La
confusion surgit lorsque nous cherchons à tirer un avantage personnel de ce
processus. En matière de salut, il convient de penser au-delà des
cadres habituels, car la norme est de sortir des schémas conventionnels. Jésus
nous a enseigné à prier ainsi : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous
pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Matthieu 6:12).
Nous devons
constamment nous souvenir jusqu’où l’amour de Dieu nous a arrachés et de la
dette qu’il a effacée, une dette que nous étions incapables de payer : «
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »
Aimer Dieu et aimer les autres ne sont pas des
devoirs imposés de l’extérieur, mais des
réponses naturelles à l’expérience de l’amour divin. L’amour devient
alors l’essence même de la vie chrétienne, le fondement sur lequel repose toute
notre foi.
Puisse cet
amour, manifesté en nous par l’Esprit, se répandre dans nos cœurs et
transformer notre manière de vivre au quotidien.
Abondantes grâces de la part
de l’Éternel !
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